Témoignages

« J’ai dit à Bidouille qu’elle pouvait essayer avec Paul, mais qu’il n’avait aucune réaction. Cinq minutes plus tard, je vois Paul debout sur le lit, tout souriant en train d’éclater des bulles. J’avais l’air de quoi ? »

F. Dalma, Médecin

« Ma première maman qui pleure, je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai juste posé ma main sur son dos et j’ai frotté pour l’apaiser. Elle a souri ; ça lui a fait du bien. On est là pour ça aussi, nous les clowns. Pour permettre aux parents de craquer, de se livrer et de retrouver la gouache. Pour un enfant, son parent qui sourit c’est plus mieux ! »

Tap Tap, Clown

« Je suis avec un bébé qui refuse de s’alimenter depuis quelques jours ; le pronostic n’est pas bon. Taratatouille arrive avec son nez, ses drôles de bruits. Le bébé ébahi se met à téter et boit son biberon. Incroyable ! Merci les clowns »

Jacqueline, Infirmière

« Merci Taratatouille ! Depuis que tu es passée, mon oreiller ne fait plus de cauchemar »

Christophe, 8 ans

« On entend beaucoup moins sonner et les enfants ont moins besoin d’antidouleurs après le passage des clowns »

Véro, Infirmière

Après le passage des clowns dans sa chambre, quelqu’un demande à Enzo : « À quoi ça sert, un clown ? ».
Et celui-ci de répondre : « À guérir ! »

Enzo,10 ans

« Les clowns ont laissé un tel vide à Lenval pendant la pandémie. Vivement leur retour et les fous rires des enfants malades retentissants à leur passage. MERCI pour les enfants !!!! »

Marie, Institutrice à l’Hôpital Lenval

« Je me souviens d’une petite fille qui revenait pour un contrôle. Je ne l’ai pas reconnue lorsqu’elle s’est précipitée dans mes bras. C’est elle qui m’a reconnue. Pas moi.

Elle respirait la santé. Une tête toute bouclée. Les cheveux qu’elle avait perdus pendant la chimio avaient repoussé.

C’était un moment merveilleux ! »

Taratatouille, Clown

« J’ai eu l’occasion de partager un grand fou rire avec eux lors d’une hospitalisation de ma fille.

C’est une bouffée d’oxygène de quelques minutes qui nous éloigne de nos inquiétudes face aux maladies de nos enfants… un moment de décompression très appréciable….

Bravo pour nos enfants et pour nous, parents… »

Sophie, une Maman

« Le clown améliore le quotidien de l’enfant hospitalisé. Il améliore aussi la vision de la maladie et de l’hôpital. Il réconforte les enfants et aussi les parents. Sa présence est un rayon de soleil, un cadeau.

Grâce à lui, les enfants oublient où ils sont. »

Loana, Chirurgienne pédiatrique

Les dessous d’un clown à l’hôpital

Produit par l’association « La ronde des clowns », écrit par Magali Gibelin, alias « Bidouille » et mis en scène par Christine Mathéo, alias « Tap Tap », le spectacle a aussi bénéficié des contributions de Thomas Garcia, alias « M. Mouche » et de Nathalie Masséglia, alias « Mazarine ». Gros succès du Festival Off d’Avignon 2019, le spectacle a ému et réjoui l’ensemble de la profession et du public.

Du drôliprane à haute dose !

Le clown Bidouille en distribue chaque semaine aux enfants malades.

Dans son spectacle d’une infinie justesse et d’une puissante humanité, elle nous propose de l’accompagner de chambre en chambre pour des rencontres toutes différentes, toutes émouvantes, toutes réjouissantes. 

Bidouille y prodigue son savoir-faire rire de manière souvent poétique, parfois déjantée, toujours belle.

Chaque fou rire, chaque sourire est vécu comme un petit triomphe que Bidouille célèbre les bras grands levés. On rit avec Quincy, et son « Q » gros comme ça. On trépigne d’excitation avec Juliette devant une course génialement loufoque. On admire Carmino qui troque sa douleur contre une tranche de rire. Et tant d’autres…

Clown à l’hôpital est un métier d’une grande bonté. Et Bidouille est un clown d’une grande beauté.

Sylvia, alias Docteur Zéboulon, témoigne…

ET LA LUMIÈRE FUT…

Moi, Docteur Zéboulon, j’ai peur du noir ! La nuit, je dors avec une petite veilleuse et si elle s’éteint : j’appelle ma mère!!

C’est pour ça que, dans les services, quand je vais visiter les enfants, j’ai toujours une petite lumière accrochée à ma valise. S’il fait noir dans une chambre parce qu’un enfant fait la sieste, elle est là… ça me rassure !

Pour pas que mes collègues se moquent de moi, j’en ai acheté une super discrète : c’est un porte-clefs en forme de petit canard jaune. Quand on appuie sur le boutor elle s’allume drôlement fort et elle fait « COIN COIN » !!! J’I’adore !

L’autre jour en « Chirurgie Ambulatoire », on s’amusait bien avec une petite fille mais on a moins rigolé quand le docteur est arrivé parce qu’elle avait été opérée des amygdales et qu’il voulait lui regarder la gorge… Avec un bâton, en plus ! Elle s’est mise à pleurer et moi, ça m’a donné aussi envie de pleurer aussi parce que sa lumière à lui, elle était même pas belle : juste une lumière toute noire de docteur.

Alors, j’ai sorti mon canard pour allumer sa gorge. Elle est tellement belle ma lumière qui fait « COINCOIN ». Et la petite était tellement surprise que le menton lui en est tombé et qu’elle a ouvert la bouche pour rigoler… juste le temps qu’il fallait au docteur pour vérifier que tout allait bien (et sans le bâton, en plus).

Il était épaté le docteur, il voulait savoir où je l’avais achetée. Il savait pas où se trouvait à Nice le magasin-des-lumières-canards. Je lui ai expliqué : il était super content ; maintenant, il en a acheté une pour ses consultations !

Extrait du livre de Tap Tap relatant ses rencontres avec les enfants malades (Dr Tap tap, clown à l’hôpital)

J’entre dans la chambre de Lucie, quatorze ans. Elle est allongée dans son lit et ne peut absolument pas bouger. On pourrait dire avec un peu d’humour décalé qu’elle est clouée au lit. Je viens en effet de passer devant le staff du personnel soignant où une infirmière observe les radios de la colonne vertébrale de Lucie.

Hallucinée de voir autant de ferraille vissée dans son dos, elle associe sa patiente à Iron Man. Je n’ai pas vu le film mais ça donne une idée ! La jeune fille semble fatiguée. J’imagine qu’elle est assommée par les effets de la morphine. L’intervention lourde qu’elle a subie va la laisser immobile encore un bon bout de temps.

Je me suis fracturé la jambe lorsque j’avais treize ans. L’accident. Moto contre vélo : 1-0. Après la pose d’un clou dans le fémur, j’ai passé onze jours à l’hôpital, allongée, coincée. J’ai très mal vécu le lit forcé, pas pouvoir se lever. Affreux. Pour moi, c’était de la rigolade comparée à la gravité du cas de Lucie mais je comprends parfaitement ce qu’elle peut ressentir, ce sentiment d’être prisonnière, obligée de faire ami-ami avec un lit qu’on finit par haïr.

La prise de contact est rapide entre nous. Je n’attends pas longtemps pour lui proposer de partir en voyage, de s’évader de son lit, de sa prison. Allez, viens Lucie, on prend la poudre d’escampette, on va voir ailleurs si on y est, on détale, on se fait la malle ! Je lui demande où elle veut aller. Pays froid ? Pays chaud ? Youpi !
On atterrit aux États-Unis ! Direction la Californie ! Les deux pépettes qui roulent sur leur skate-board en direction de la plage, c’est Lucie et Tap Tap ! La route est lisse ; telles des pros, on glisse ! T’es habillée comment Lucie ? Elle a une robe de fête à paillettes avec des baskets roses. Moi, un short vert pomme en tissu éponge que j’adore et un tee-shirt avec une marmotte dessus. On est trop belles!

On croise un groupe de trois garçons, je lance un Hi guys ! en passant mais, déconcentrée par le regard fatal de l’un d’eux (il s’appelle Johnny), je perds le contrôle de mon véhicule à roulettes, une de mes roues s’enfonce dans un trou, je passe par-dessus bord et j’atterris dans un buisson la tête la première. J’ai le nez tout

écorché, tout rouge et une belle bosse sur la caboche ! Lucie sourit. Nous voilà reparties et nous arrivons sur la plage. Une superbe plage de sable fin et blanc. La mer est d’un bleu azur à couper le souffle, elle scintille sous le soleil ardent. Trop tentant ! En deux temps trois mouvements, nous voilà en maillot de bain. Il est de
quelle couleur ton maillot Lucie ? Elle a un maillot bleu couleur de l’eau. Le mien, il est rayé rouge et blanc, je l’ai trouvé dans un vide-grenier. La première arrivée dans l’eau a gagné ! C’est parti mon kiki!

Ma concurrente part comme une fusée, moi je prends du retard, pas de chance une des bretelles de mon maillot « hors d’âge » vient de céder ! Pour Lucie c’est gagné, elle nage déjà comme un poisson dans l’eau. Oh là là elle est trop bonne, exactement comme il faut ! T’entends le chant des oiseaux Lucie ? C’est beau ! Avec Lucie, on nage, on plouf, on joue, c’est chouette ! Au sortir de l’eau, on décide d’aller prendre un pot. Tu prends quoi toi, Lucie ? Elle va prendre une limonade avec du sirop à la fraise. Pour Tap Tap, ce sera un whisky, on the rock’s ! En fait, j’aime pas ça le whisky mais y a Johnny qui vient de s’installer à la table d’à côté, je voudrais
l’épater ! Comment on dit « Je t’aime ! » en anglais Lucie ? I love you ? Tu crois que je lui dis ? Lucie sourit…

Oh non ! Mon portable sonne, c’est ma mère. Elle veut que je rentre tout de suite à la maison. Oh non ! On était tellement bien ici ! Lucie, tu rentres avec moi ? Allez, hop ! On y va ! Lucie et Tap Tap rouvrent leurs yeux de concert. Fin du voyage imaginaire. Nous avons échafaudé notre scénario toutes les deux, main dans la main. C’était bon, c’était bien ! Faut avouer que voyager dans des conditions pareilles, c’est top ! Pas cher et sans décalage horaire ! Je quitte Lucie, immobile sur son lit. Elle paraît reposée, les traits apaisés. Le
pouvoir extraordinaire de l’imaginaire vient de passer…